18 octobre 2016
Par : Michel Guillemette, Conseiller Haïti et chargé de projets Fonds Urgence-Haïti
Fondation Internationale Roncalli
1- Des statistiques de la Direction de la Protection Civile en date du 12 octobre
Population
- 473 morts, 75 disparus et 339 blessés;
- 2,1 millions de personnes affectés dont 894,057 sont des enfants,
- 175 509 personnes dans 224 abris temporaires;
- 12,9 % de la population touchée ainsi répartie:
- Population affectées : Sud (464 986), Grand-Anse (374 641), Nippes (174 688), Sud-Est (158 150), Ouest (149 099), Nord-Ouest (54 661) et dans l'Artibonite (34 550),
- 510 cas de choléra ont été rapportés (356 dans le Grand Sud),
- dont 592,581 enfants sont en besoin humanitaire urgent.
Dégâts matériels
- 33 % des hôpitaux sont endommagés dans le Grand Sud ;
- Matthew a affecté 10% des infrastructures touristiques ;
- Le ministre de l’Environnement se montre préoccupé par les dégâts environnementaux.
Bonnes nouvelles
- Plus de 60% des voies de communication ont été rétablies ;
- 50 conteneurs de nourriture sont acheminés dans les régions touchées.
2 - Faits pertinents à signaler en date du 19 octobre 2016
- L’aide humanitaire demeure visible dans les grandes villes et régions environnantes mais ce n’est pas le cas pour les régions localisées loin des 2 villes sinistrées : Les Cayes et Jérémie. Cela signifie que des milliers de personnes principalement des paysans habitant les zones rurales reculées du pays sont abandonnés à leur sort et donc toujours dans l’attente de l’aide d’urgence. Ces hommes, femmes et enfants qui ont tout perdu sont blessés, sans eau potable, sans nourriture, sans toit, etc. et cela durant cette saison de pluies allant d’octobre à début décembre.
- Les principales raisons qui expliquent cette situation inhumaine sont : l’accès routier très difficile, des sinistrés éparpillés sur un large territoire (ceux qui ne sont pas dans les abris temporaires), les attaques des convois humanitaires, la faiblesse des structures de l’État, malgré sa bonne volonté à gérer une telle catastrophe, etc. Les besoins de 1ère urgence ne sont donc pas encore satisfaits.
- La colère gronde chez les sinistrés désespérés qui ont tout perdu; à la recherche dans les décombres de nourriture, ils ont faim et selon-eux, l’aide humanitaire tarde à venir. Furieux, ils critiquent le gouvernement pour son manque de coordination dans la distribution de nourriture et d'eau à la population.
- Scènes de violence et de pillage : mardi 11 octobre à Jérémie des résidents ont érigé une barricade de troncs arbres, forçant un convoi humanitaire de 3 camions à s‘arrêter.
- Pour sécuriser le déploiement de l’aide, on nous a rapporté un déploiement additionnel de 60 policiers de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et les marines américains sécurisent le Sud.
- Selon les ONG internationales, plusieurs victimes ont reçu de l’aide d’urgence mais la coordination n’est pas facile sur le terrain. Elle se fait par les comités d’urgence mis en place par la DPC mais certains sont mieux organisés que d’autres.
- Le Canada a fait deux annonces d’aide totalisant 6,5 millions de dollars dont 2 M$ alloués à 4 ONG canadiennes : le CECI, ACF, MDM et Oxfam-Québec (publiées le 14 octobre 2016). Une représentante du Canada a été dépêchée à l’ambassade du Canada en Haïti, Mme M-E Castonguay pour suivre la situation.
- Le mouvement Croix-Rouge regroupant plusieurs Croix-Rouge internationales (incluant les Croix-Rouge Haïtienne, Américaine, Canadienne) couvre presque tout le territoire sinistré via des distributions, eau, nourriture sèche, kits d’hygiène, etc.